Tu t’attends à ce que cela recommence, déjà tu n’en peux plus d’avance, tu aimerais tellement que pour une fois cela n’arrive pas mais tu es sûr que tu n’y couperas pas, tu auras beau te dire que ce n’est pas très fort, que c’est supportable, qu’il ne faut pas y faire attention, tes sens sont en éveil, comme chaque matin tu tends l’oreille pour détecter le début de ton supplice : le claquement des hauts talons de ta voisine du dessus qui n’en finit pas d’aller et venir, de bouger les meubles et qui le fait exprès, tu le sais, ça l’amuse, elle veut te rendre fou, elle en profite depuis qu’un jour tu lui as fait gentiment remarquer que l’isolation n’était pas très efficace et que si cela ne la dérangeait pas, elle pourrait peut-être faire un peu attention.

Plus tard, c’est l’autre d’en face qui vient d’ouvrir les portes de son garage, il en a fait son atelier et malgré les nombreuses plaintes du voisinage, toute la journée, il scie des planches, il tape, il fait grincer tu ne sais quoi,.

Tu prends ton mal en patience, tu essayes de te concentrer, tu dois vraiment terminer un dossier avant ce soir mais tu sens la rage te submerger, tu craques, tu dévales les deux étages, tu traverses la cour en courant, tu te précipites dans son antre et tu cries pourrait-on avoir la paix un moment ?

Il n’entend rien, le bruit de la scie couvre ta voix ; quand il t’aperçoit enfin, il arrête son engin et il vocifère Dégage !